Association des bibliothèques d'hôpitaux de Lyon
Association des bibliothèques d'hôpitaux de Lyon
Association des bibliothèques d'hôpitaux de Lyon
Association des bibliothèques d'hôpitaux de Lyon
Association des bibliothèques d'hôpitaux de Lyon

Posts de la catégorie "Le corps"

Le corps

 

Le corps (Choisissez une partie de votre corps dont vous allez nous raconter l’histoire, de votre naissance à aujourd’hui).

 

Mes jambes. De 6 à 7 ans, j’ai fait énormément de chutes, jusqu’à l’adolescence, en apprenant à faire du vélo, seule, à  la campagne. Je tombais dans les orties. A l’âge adulte, rien de spécial.

 

Mes mains. À ma naissance, elles n’avaient rien d’extraordinaire, c’était juste, des mains de bébé. Avec le temps mes mains sont devenues longues et fines, je n’ai jamais mis de vernis car ma mère ne voulait pas, cela ne me gênait as, et puis mon mari n’y tenait pas non plus.

J’avais des bagues que je changeais au gré de mes envies et de mes vêtements. Aujourd’hui encore à mon âge, je les trouve jolies car elles ne se sont pas déformées avec le temps. Tout en moi a vieilli, mes mains, je les reconnais, elles sont moi.

 

Mes doigts. Vers soixante ans, mes doigts ont commencé à se déformer, mes deux mains se sont déformées en même temps. Maman était aussi rhumatisante. Il n’y avait pas grand chose à faire, je ne pouvais plus rien tenir, mon époux m’aidait pour le travail ménager.

Je tiens mes casseroles à deux mains, j’en casse beaucoup, je pense tenir les choses et puis non, ça tombe. Mes mains sont lus vilaines que douloureuses, heureusement, mais j’ai un grand regret, c’est de ne plus pouvoir porter de bagues.

 

Mes mains. Je suis venue au monde avec des petites menottes rondelettes. Mes mains ont d’abord servi à caresser, puis à écrire, pour mes études. J’ai ensuite appris la couture, place des Jacobins, et j’ai repris le métier de maman, qui faisait des diadèmes de mariés et des brassards, rue Chenavard.

J’ai rencontré Robert le 14 juillet au parc de la Tête d’or il avait de grandes mains, en se touchant, nos mains ont eu un frisson.

Mes mains m’ont ensuite servi à réparer notre appartement puis à préparer mon mariage. J’ai ensuite adopté un enfant, une merveille, ses mains, et toute sa personne, tout était beau chez cet enfant. J’aimais mes mains d’avant, celles de maintenant sont toutes noires d’avoir tant travaillées. Je mesurais un mètre cinquante sept, j’aime ma taille, je n’aurais pas voulu être plus grande.

 

Mes oreilles m’ont servi à entendre les mots doux de mes parents.

Elles ont été percées pour pouvoir y glisser des boucles. Mais elles sont maintenant trop fragiles et ne supportent plus aucun bijou. Elles écoutent la musique, elles subissent les caprices de mon petit frère, elles me rappellent quelques otites.  Petite, je voulais laisser pousser mes cheveux, pour les cacher, alors que ma mère préférerait que je les montre.

 

Depuis toujours, mes yeux ont été les seuls éléments de mon corps que j’ai aimés. Pas de mon fait mais parce qu’on me disait qu’ils étaient grands et beaux. Un coiffeur m’a dit une fois, j’avais seize ans, que j’avais des yeux d’Andalouse. Ma tante qui assistait à la scène lui a dit, pas touche, c’est encore une enfant…

 

J’ai toujours trouvé mes cheveux très beaux, et mon entourage aussi. Je les ai laissés pousser et ne les avais jamais coupés. Mon mari préférait que je les laisse longs. Le temps passant, il a quand même fallu que je les coupe. J’ai eu beaucoup de tristesse ce jour-là. J’ai fait mes premières teintures à l’arrivée de mes cheveux blancs. J’étais brune avant. Mais au bout d’un moment, j’ai laissé tomber les teintures, je les ai laissés pousser blancs et cela m’a convenu ainsi qu’à mon mari.

 

Ma taille fût ma hantise depuis mes huit ans. J’en ai tant entendu sur ma taille, comme si j’étais hors normes, et pendant tant d’années. A l’adolescence, étant la seule fille de la famille à avoir une belle taille  (à douze ans, je mesurais 1, 70 mètre et pour ma communion je ressemblais plus à une mariée qu’à une communiante), jusqu’à atteindre 1, 76 mètre à l’âge adulte. Dans ma famille j’avais droit à « girafe », « cigogne »… C’est seulement lorsque je me suis mariée que ce complexe, si lourd à porter, a disparu et que les réflexions ont cessé du fait que mon mari était grand. En fait, je ressemblais à mes grands-pères qui mesuraient l’un et l’autre 1,85 et 1,90 mètre.

 

J’aime mes rondeurs, dues en grande partie au chocolat, et aux bons petits plats. J’aime mes mains, qui caressent, écrivent, cousent, tricotent… Et mes jambes qui marchent, marchent, marchent… Une infirmière peut faire des kilomètres dans une même journée et un même service. Lorsque j’étais bébé, j’avais les cheveux plus clairs, je me souviens de photos où les cheveux étaient roulottés sur le haut du crâne, je les ai eus long dans mon enfance et mon  adolescence, puis courts, même très courts, frisés. Mes cheveux blancs sont apparus très tôt et je les ai cachés. Je me souviens d’une réflexion de mon fils, «  maman, il va falloir faire ton coloriage ». Il était temps de cacher la démarcation entre les cheveux blancs et les cheveux bruns.

Aujourd’hui, pour faciliter j’ai opté pour des cheveux courts plus faciles à coiffer et je trouve que ça me rajeunit un peu.

 

J’ai un frère jumeau et lorsque nous étions enfants, nous nous ressemblions beaucoup. J’aimais compter les grains de beauté et les taches de rousseur sur le nez de mon frère pour les comparer aux miens. A treize ans, je faisais une tête de plus que lui, j’en riais aux éclats, mon frère lui était très vexé. Puis on a mesuré la même taille, puis il m’a largement rattrapée. La couleur de nos cheveux a changé, puis nos corps se sont différenciés, on se ressemblait de moins en moins, personne ne pouvait plus croire qu’on était jumeaux. Pour tous les deux, ça a été difficile à accepter, nous avions grandis comme deux miroirs réfléchissant, dans les yeux l’un de l’autre, et l’âge adulte nous séparait.

 

J’étais une petite fille bien potelée, avec une chevelure brune, et les yeux verts. En grandissant, vers l’âge de trois ans, mes cheveux se sont éclaircis vers une teinte bien plus blonde. Mes cheveux ont poussé raides, et d’après une photo de cet âge-là, j’avais une coiffure avec une frange qui m’arrondissait le visage. Jusqu’à dix ans environs, j’ai porté cette coiffure puis on m’a frisé les cheveux et enlevé la frange. J’avais grandi et n’avais plus la même silhouette, une ado était née. En tant que jeune fille, j’ai fait un apprentissage de couturière et de vendeuse en magasin. A cette époque-là de ma vie, j’ai énormément fréquenté les coiffeurs pour éclaircir mes cheveux vers la teinte, «  blond Or ».

 

J’ai choisi mes jambes car dans notre métier, on dit toujours que quand on n’a pas de cerveau, on a des jambes. Et je confirme que mes jambes me sont très utiles, voire indispensables, surtout en cas d’oubli. Rien que ce matin, j’ai dû faire plusieurs allers-retours pour une même chose.