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Posts de 2016-12-08

Le corps

 

Le corps (Choisissez une partie de votre corps dont vous allez nous raconter l’histoire, de votre naissance à aujourd’hui).

 

Mes jambes. De 6 à 7 ans, j’ai fait énormément de chutes, jusqu’à l’adolescence, en apprenant à faire du vélo, seule, à  la campagne. Je tombais dans les orties. A l’âge adulte, rien de spécial.

 

Mes mains. À ma naissance, elles n’avaient rien d’extraordinaire, c’était juste, des mains de bébé. Avec le temps mes mains sont devenues longues et fines, je n’ai jamais mis de vernis car ma mère ne voulait pas, cela ne me gênait as, et puis mon mari n’y tenait pas non plus.

J’avais des bagues que je changeais au gré de mes envies et de mes vêtements. Aujourd’hui encore à mon âge, je les trouve jolies car elles ne se sont pas déformées avec le temps. Tout en moi a vieilli, mes mains, je les reconnais, elles sont moi.

 

Mes doigts. Vers soixante ans, mes doigts ont commencé à se déformer, mes deux mains se sont déformées en même temps. Maman était aussi rhumatisante. Il n’y avait pas grand chose à faire, je ne pouvais plus rien tenir, mon époux m’aidait pour le travail ménager.

Je tiens mes casseroles à deux mains, j’en casse beaucoup, je pense tenir les choses et puis non, ça tombe. Mes mains sont lus vilaines que douloureuses, heureusement, mais j’ai un grand regret, c’est de ne plus pouvoir porter de bagues.

 

Mes mains. Je suis venue au monde avec des petites menottes rondelettes. Mes mains ont d’abord servi à caresser, puis à écrire, pour mes études. J’ai ensuite appris la couture, place des Jacobins, et j’ai repris le métier de maman, qui faisait des diadèmes de mariés et des brassards, rue Chenavard.

J’ai rencontré Robert le 14 juillet au parc de la Tête d’or il avait de grandes mains, en se touchant, nos mains ont eu un frisson.

Mes mains m’ont ensuite servi à réparer notre appartement puis à préparer mon mariage. J’ai ensuite adopté un enfant, une merveille, ses mains, et toute sa personne, tout était beau chez cet enfant. J’aimais mes mains d’avant, celles de maintenant sont toutes noires d’avoir tant travaillées. Je mesurais un mètre cinquante sept, j’aime ma taille, je n’aurais pas voulu être plus grande.

 

Mes oreilles m’ont servi à entendre les mots doux de mes parents.

Elles ont été percées pour pouvoir y glisser des boucles. Mais elles sont maintenant trop fragiles et ne supportent plus aucun bijou. Elles écoutent la musique, elles subissent les caprices de mon petit frère, elles me rappellent quelques otites.  Petite, je voulais laisser pousser mes cheveux, pour les cacher, alors que ma mère préférerait que je les montre.

 

Depuis toujours, mes yeux ont été les seuls éléments de mon corps que j’ai aimés. Pas de mon fait mais parce qu’on me disait qu’ils étaient grands et beaux. Un coiffeur m’a dit une fois, j’avais seize ans, que j’avais des yeux d’Andalouse. Ma tante qui assistait à la scène lui a dit, pas touche, c’est encore une enfant…

 

J’ai toujours trouvé mes cheveux très beaux, et mon entourage aussi. Je les ai laissés pousser et ne les avais jamais coupés. Mon mari préférait que je les laisse longs. Le temps passant, il a quand même fallu que je les coupe. J’ai eu beaucoup de tristesse ce jour-là. J’ai fait mes premières teintures à l’arrivée de mes cheveux blancs. J’étais brune avant. Mais au bout d’un moment, j’ai laissé tomber les teintures, je les ai laissés pousser blancs et cela m’a convenu ainsi qu’à mon mari.

 

Ma taille fût ma hantise depuis mes huit ans. J’en ai tant entendu sur ma taille, comme si j’étais hors normes, et pendant tant d’années. A l’adolescence, étant la seule fille de la famille à avoir une belle taille  (à douze ans, je mesurais 1, 70 mètre et pour ma communion je ressemblais plus à une mariée qu’à une communiante), jusqu’à atteindre 1, 76 mètre à l’âge adulte. Dans ma famille j’avais droit à « girafe », « cigogne »… C’est seulement lorsque je me suis mariée que ce complexe, si lourd à porter, a disparu et que les réflexions ont cessé du fait que mon mari était grand. En fait, je ressemblais à mes grands-pères qui mesuraient l’un et l’autre 1,85 et 1,90 mètre.

 

J’aime mes rondeurs, dues en grande partie au chocolat, et aux bons petits plats. J’aime mes mains, qui caressent, écrivent, cousent, tricotent… Et mes jambes qui marchent, marchent, marchent… Une infirmière peut faire des kilomètres dans une même journée et un même service. Lorsque j’étais bébé, j’avais les cheveux plus clairs, je me souviens de photos où les cheveux étaient roulottés sur le haut du crâne, je les ai eus long dans mon enfance et mon  adolescence, puis courts, même très courts, frisés. Mes cheveux blancs sont apparus très tôt et je les ai cachés. Je me souviens d’une réflexion de mon fils, «  maman, il va falloir faire ton coloriage ». Il était temps de cacher la démarcation entre les cheveux blancs et les cheveux bruns.

Aujourd’hui, pour faciliter j’ai opté pour des cheveux courts plus faciles à coiffer et je trouve que ça me rajeunit un peu.

 

J’ai un frère jumeau et lorsque nous étions enfants, nous nous ressemblions beaucoup. J’aimais compter les grains de beauté et les taches de rousseur sur le nez de mon frère pour les comparer aux miens. A treize ans, je faisais une tête de plus que lui, j’en riais aux éclats, mon frère lui était très vexé. Puis on a mesuré la même taille, puis il m’a largement rattrapée. La couleur de nos cheveux a changé, puis nos corps se sont différenciés, on se ressemblait de moins en moins, personne ne pouvait plus croire qu’on était jumeaux. Pour tous les deux, ça a été difficile à accepter, nous avions grandis comme deux miroirs réfléchissant, dans les yeux l’un de l’autre, et l’âge adulte nous séparait.

 

J’étais une petite fille bien potelée, avec une chevelure brune, et les yeux verts. En grandissant, vers l’âge de trois ans, mes cheveux se sont éclaircis vers une teinte bien plus blonde. Mes cheveux ont poussé raides, et d’après une photo de cet âge-là, j’avais une coiffure avec une frange qui m’arrondissait le visage. Jusqu’à dix ans environs, j’ai porté cette coiffure puis on m’a frisé les cheveux et enlevé la frange. J’avais grandi et n’avais plus la même silhouette, une ado était née. En tant que jeune fille, j’ai fait un apprentissage de couturière et de vendeuse en magasin. A cette époque-là de ma vie, j’ai énormément fréquenté les coiffeurs pour éclaircir mes cheveux vers la teinte, «  blond Or ».

 

J’ai choisi mes jambes car dans notre métier, on dit toujours que quand on n’a pas de cerveau, on a des jambes. Et je confirme que mes jambes me sont très utiles, voire indispensables, surtout en cas d’oubli. Rien que ce matin, j’ai dû faire plusieurs allers-retours pour une même chose.

 

Une journée de verbes

 

 

Raconter sa journée depuis son lever sous forme d’une liste de verbes à l’infinitif

 

Retarder le réveil

Caresser le chat

Prendre ma douche

Me brosser les cheveux

Mettre mon écharpe mes gants

Marcher

Arriver au travail

Pointer

Prendre la relève

Préparer le café

Fumer ma première cigarette

Discuter avec les collègues

Me laver les mains

M’occuper de Madame S

M’occuper de Madame L

M’occuper de Monsieur F

M’occuper de Madame R

M’occuper de Monsieur M

M’occuper de Monsieur B

M’occuper de Madame S

M’occuper de madame C

M’occuper de Monsieur G

M’occuper de Monsieur I

M’occuper de Madame P

M’occuper de madame T

M’occuper de Monsieur Z

Répondre à tous les coups de sonnettes entre deux soins

Me laver les mains

Ranger

Préparer les chambres

Organiser les départs

Faire manger les patients

Manger moi-même

Aider les collègues

Faire mes  transmissions

Assister à la relève de 14 heures

Aider les brancardiers pour l’entrée du jour

Aider une patiente à ranger ses affaires

Aller voir les patients pour leur proposer l’atelier d’écriture

 

 

 

 

Me réveiller

Prendre le petit déjeuner

Boire mon café noir très sucré

Déguster les biscottes beurrées (Je prends deux ou trois, au maximum quatre biscottes. J’arrive encore à  étaler le beurre  sans casser la biscotte c’est déjà ça.)

Attendre la coiffeuse

Voir la coiffeuse, enfin (Je la demandais depuis longtemps, c’est agréable d’avoir enfin les cheveux propres et d’avoir quelqu’un qui vous touche les cheveux le visage le cou.)

La journée peut commencer. L’infirmière me demande toujours si j’ai passé une bonne nuit je lui réponds  et vous,  vous avez bien dormi ?

 

 

 

 

Éteindre mon réveil. Me préparer pour cette nouvelle journée.

Prendre le métro (beaucoup trop de monde ce matin).

Échapper un moment en plongeant dans mon livre pendant le trajet.

Saluer tous les soignants qui sont présents ce matin.

Réorganiser la journée car une adjointe est absente.

Participez à la synthèse.

Joindre Catherine pour l’alerter les difficultés pour faire face a l’absentéisme.

Faire une pause pour le déjeuner

 

 

 

 

Ouvrir les yeux

Ouvrir la fenêtre

Déjeuner

Se doucher

S’habiller

Allumer la télévision

Regarder les informations

Se préparer à manger

Manger

Faire la vaisselle

Marcher

Monter dans un tram

Se changer pour une tenue plus professionnelle

Faire sa relève

Voir les patients

 

 

 

Se réveiller

S’habiller

Descendre les escaliers

Se coiffer

Se laver

Faire chauffer le lait

Préparer le repas

Mettre le repas dans une gamelle

Se laver les dents

Se maquiller

Mettre son manteau

Prendre le métro

Entrée à l’hôpital

Se changer

Dire bonjour

Prendre la relève

Préparer le chariot

 

 

 

Se réveiller

Aller à la salle de bain

Revenir dans ma chambre

Boire le café

Déguster des biscottes  beurre

Retourner à la salle de bain

Se laver

Se coiffer

Prendre ses vêtements et se changer

Attendre les infirmières pour les soins

Attendre la distribution de médicaments

Attendre

Attendre

Attendre

Par la porte entrouverte de ma chambre, je vois tant de monde qui se croisent.

Je lis des livres de bibliothèque, mais ce sont toujours des livres modernes.

En venant écrire ici avec les autres, je me sens redevenir un peu moi-même.

Après la distribution des médicaments, je parle avec l’infirmière. Elle est très gentille avec moi. Ensuite, j’ai eu droit aux conseils de la psycho-motricienne. Ensuite j’ai fait la connaissance de la spaciomotricienne, eh oui, ça existe, pour les rangements de la maison, elle m’a expliqué comment m’y prendre pour que ce soit pratique à mon retour chez moi.

Prendre le repas de midi et se préparer à l’atelier écriture

 

 

Ce matin, à neuf heures, une infirmière est entrée dans ma chambre, une petite brune dynamique. Comment allez vous, m’a t elle demandée. Et comme tout allait bien, elle est repartie. Moi j’aime beaucoup les infirmières de ce service, elles sont gentilles, et souvent je les fais rire, elles me disent ah madame, ça fait du bien de rire avec vous.

Ma vie d'infirmière

 

 Ma vie d’infirmière

 Malgré l’amour de mon métier, la retraite a été pour   moi  une libération, deux  ans après, je rêvais encore que j’étais au travail dans une situation stressante.  Peu à peu, j’ai eu l’habitude  de prendre des rendez  vous de pouvoir m’y rendre…

Une journée à l’hôpital,  les dernières années je travaillais   en  consultations centrales de chirurgie.  Non nous n’étions pas des planquées,  il fallait avoir une bonne santé morale et physique.   Nous devions arriver à huit heures, moi j’étais toujours en avance et je me prenais de plein fouet tous les ennuis.  Cela ne m’empêchait pas d’arriver en avance, on ne se refait pas ! 

Il y avait les chirurgiens pressés  d’opérer. « La passion »,  ils vous fauchaient le stylo que vous teniez dans les   mains tout en répondant au téléphone.  Et ils partaient en courant, un chirurgien se  reconnaît a quelqu’un qui court,   en fait vous voyiez une blouse blanche passer à toute vitesse, et vous saviez que c’était un chirurgien.

Le stress était énorme, je vais vous décrire la journée en consultation d’orthopédie, 140 patients, je comprends qu’ils se nomment les patients !  Plus les accompagnants, les soignants, les médecins étrangers accompagnant le patron, que  vous n’aviez pas intérêt à contredire.  Il a raison même s’il a  tort, il a raison, parce qu’il  est le chef ! Le professeur avait voulu  enlever un clou à un patient, fils d’une de ses amies, il n’y est pas arrivé et qui s’est fait molester, devinez ? L’infirmière !   Il osait un peu moins avec leur secrétaire car après il la supportait davantage !  Bien fait !

Plusieurs ambulanciers et patients attendaient pour se faire inscrire et pour prévoir radios, vertébrothérapeutes, plâtres à enlever, prises de sang,   pansements…

Nous courrions après le temps,  les malades, les chirurgiens, les secrétaires,   à   midi déjà exsangues,   le travail de l’après midi  restait.    Nous   rêvions d’un bon  réconfortant comme une bonne salade, avec pleins de bonnes choses revigorantes, un bon café,  mais pas question !   L’heure n’est pas au repos mais encore aux soins, courir,  «  oui Monsieur, tout de suite !  »  Pas la peine de contredire,  pas  le temps , il y a trop de monde de partout.  « Où elle  est l’infirmière ? Elle n’est jamais là où il faut ! »  « Oui,  mais elle ne peut être à plusieurs endroit en même temps ! » «  Ah bon ? »  14h  beaucoup de patients encore qui voudraient rentrer chez   eux !  Nous aussi, comme c’est bizarre !  La fatigue se fait sentir, encore des patients  à inscrire et  à diriger vers leurs soins.

Vite, vite un malade s’évanoui  au bureau des entrées, drôle d’idée !  Je saisis un appareil à tension et cours vers le bureau des entrées,  je le place, tension basse, ce patient est sujet  aux malaises vagaux. Il reprend ses esprits,  je cours l’inscrire, j’entends des gens râler, cette journée ne finira donc jamais…

Un ambulancier tape  avec son crayon  sur le bureau,  des fois que cela me ferait avancer plus vite, il me vient des idées de meurtre.

Ma collègue, Danielle, est toujours côté chirurgie digestive et fait de gros  pansements  qu’elle montre aux chirurgiens.  La semaine prochaine nous inter changeront, Danielle sera à l’accueil et moi aux pansements.  Et là j’apprendrais que la personne ayant  pris un malaise vagal au bureau des entrées, c’est un de nos anciens copains d’enfance.  Il m’a  dit « Tu ne m’as même pas regardé,  ni même reconnu », et là je me suis senti minable,  ce n’est pas comme cela que je pensais exercer mon métier d’infirmière.  L’écoute, l’attention,  la compassion, j’avais oublié l’essentiel à force de courir.   Mal dans ma peau, je finis cette journée, où lorsque l’on sort on ne sait plus où on a garé sa voiture. Certains proches nous disent « à quelle heure tu sors ? »  « Quand nos malades sont soignés, angoissés,  envolés ou presque, nos chirurgiens partis,   blouses blanches flottant au vent,   nos anesthésistes servis,  nos examens portés au laboratoire, nos transmissions rédigées, nos stagiaires guidées, surveillées, nos locaux nettoyés, nos stérilisation emmenées pour avoir toutes,  les bons instruments le lendemain   nettoyés  et  stériles ! » 

N’oubliez pas de refaire votre réserve de médicaments, produits pour gros pansements et  surtout soyez souriantes, efficaces,   douces.   Ne me parlez pas de vocation, non évitez…  Je pourrais mal le prendre !

Vous sortez  fatiguées,  mais attention,  les courses, la famille vous réclament.  Heureusement que vous aimez votre  métier,  vous l’avez choisi !   Non ?  La souffrance des patients à prendre en charge  nous use surtout passé la cinquantaine, j’ai souvent espéré avoir une aide psychologique, en cas d’alerte à  la bombe  en 1994, six mois après le décès de maman,  d’agressions, de fatigue après   cinquante ans !

Comment serons nous soignés si on enlève des soignants, des fonctionnaires ?  Nous avons plusieurs raisons de nous inquiéter ! 

Nous essayons de transmettre aux stagiaires notre savoir, mais il est de plus en plus difficile d’être optimiste.

Le métier d’infirmière est un merveilleux métier, mais il faudrait que les politiques nous aident,  nous tombons malades, les vertèbres, le dos, les épaules, cela sert à quoi de nous malmener, de nous contrer, nos surveillantes chef qui ne savent plus travailler, il faut qu’elles  écoutent un peu plus les infirmières sortant des écoles, sinon qui nous soignera ? 

Dans les années soixante dix, Madame Simone Veil était ministre de la santé, là, on a cru à une avancée, mais depuis malgré les défilés, les contestations dans la rue, les choses vont de mal en pis !  Triste période, que faire, les impôts de plus en plus  lourds n’améliorent en rien notre   pouvoir d’achat et alors la crise s’aggrave !   Qui nous écoute ?

Les frais bancaires augmentent  de  13% mais nos pensions restent stables.

Une journée à l’hôpital, c’est tout cela, tous les ennuis que nous traînons avec nous…  On ne devrait pas mais c’est tellement angoissant !

Même à la retraite nous sommes encore concernés, comment serons nous soignés ?   J’entends des réflexions qui me font dresser les cheveux sur la  tête. 

En France nous avions la meilleure médecine il y a dix  quinze ans, les  personnes  étrangères,  pouvant  se le permettre venait se faire soigner en France. Tenons bon,  soyons vigilants. 

Mireille  Lubac

Infirmière  quarante  ans  dans les HCL,   à la retraite depuis  quatorze ans.

A publié plusieurs ouvrages, notamment aux éditions Baudelaire.

http://www.leseditionsdunet.com/4039-ce-jour-la-mireille-lubac-9782312041773.html

 

Les chansons

Les chansons

 

Rappelez-vous d’une chanson que vous aimiez écouter lorsque vous étiez plus jeune, notez les paroles dont vous vous souvenez. Pourquoi aimez-vous cette chanson,  que vous évoquent ses paroles ?

 

La bohème, de Charles Aznavour.

 La bohème, la bohème

Ça voulait dire

On est heureux

 Je pense à Esméralda, la gitane de Notre dame de Paris. À la vie libre, sans contrainte, sans impératif. C’est ce qu’on aime quand on est jeunes. Vivre sans se soucier du lendemain. Partir sur la route sans contrainte, sans penser aux repas à préparer, aux factures à payer, aux problèmes de santé. La bohème, c’est la jeunesse perdue, mais qu’on retrouve le temps d’une chanson.

 

La bohème, la bohème

Nous ne mangions qu'un jour sur deux.

 La bohème, c’est la vie simple, c’est la vie de tout le monde, mais il ne faut pas oublier que les gens avaient faim, vraiment faim ; On était sous l’emprise des allemands, et la bohème, c’était pas qu’une chanson, ça n’avait rien de romantique pendant la guerre. Non, je n’ai aucune nostalgie pour la bohème, excusez-moi.

 

Je ne regrette rien, Édith Piaf

 Non, rien de rien, non, je ne regrette rien

Ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal

Tout ca m’est bien égal

 Je ne regrette pas les bêtises que j’ai faites

Je ne regrette pas les sentiments que j’ai eus

Je ne regrette pas les bons moments

Je ne regrette pas d’avoir parlé comme ça à mon mari

Je ne regrette pas d’avoir été une des premières divorcées

Je ne regrette pas d’avoir connu la pauvreté

Même si ça a été dur

Même si mes enfants en ont aussi souffert, pour leurs études surtout

Mais non, rien de rien, C’est vrai, je ne regrette rien

 

C’est si bon, de Yves Montand

C'est si bon

De pouvoir l'embrasser

Et pui de r'commencer

A la moindre occasion.

C'est si bon

De jouer du piano

Tout le long de son dos

Tandis que nous dansons.

 

 C’est si bon une journée ensoleillée

C’est si bon de marcher, de courir, de partir

C’est si bon de ne pas être un laideron

C’est si bon de faire la vaisselle

C’est si bon d’être chez soi

 

 Les roses blanches, de Berthe Sylva

 C´est aujourd´hui dimanche, tiens ma jolie maman

Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant

Va quand je serai grand, j´achèterai au marchand

Toutes ses roses blanches, pour toi jolie maman"

 

 Les roses blanches sont synonymes de pureté. Dans une maison, en bouquet, elles apportent la sérénité et la douceur. On les retrouve souvent dans les bouquets de mariés et elles sont aussi offertes aux mamans à l’occasion de la naissance d’un enfant.

Les roses blanches font partie de ma vie, les fleurs blanches en général ; je les place face à moi dans un vase : Quand je suis rentrée de l’hôpital, un énorme bouquet de fleurs blanches m’attendait sur le perron, devant chez moi. Avec un petit mot dessus ; « Pour notre maman chérie, bon rétablissement ». Je ne m’y attendais pas du tout, c’était fou. Bon, j’aurais préféré que mes enfants soient là mais ils vivent loin, alors qu’ils aient pensé à moi… C’est déjà bien.

 

Je suis allée à l’enterrement de ma meilleure amie, enfin une de mes meilleures maies, j’étais vraiment très mal, mais j’y suis allée tout de même. Et puis, sa fille, à qui elle n’avait pas parlé depuis des années, était là, dans l’église. Elle avait mis une énorme couronne de fleurs blanches sur le cercueil de sa mère, c’était beau à voir, sous la couronne, il y avait un mot, à ma mère que j’aime, quelque chose comme ça, j’ai trouvé ça beau, mais dommage. C’est dommage d’attendre que les gens soient partis pour leur offrir des fleurs. Si elle avait offert des fleurs, même un petit bouquet, à sa mère quelques mois plus tôt, comme mon amie aurait été heureuse. Oui, c’est vraiment dommage parfois que les gens attendent la mort des autres pur leur dire qu’ils les aiment.

 

La mer, Charles Trenet

 La mer

Les a bercés

Le long des golfes clairs

Et d'une chanson d'amour

La mer

A bercé mon cœur pour la vie

 

J’ai toujours aimé cette chanson, même si je n’ai jamais aimé Trenet. J’aimais les paroles simples, les airs, toujours entraînants. Et la mer, j’ai toujours eu envie de vivre au bord de la mer. Par ici c’est plutôt les montagnes, mais la mer, moi, elle me fait rêver, c’est les vacances, le printemps, c’est le bonheur.